Confrontés au déclin du lapin de garenne, les chasseurs français se mobilisent et ont "pisté" cette semaine des idées dans le Finistère, un département pilote dans la gestion de ce gibier emblématique. "Le lapin, c'est le symbole de la chasse populaire française", souligne Jean-Pierre Poly, directeur de l'Office national de la chasse et de la faune sauvage (ONCFS), venu à la rencontre des chasseurs bretons dans le cadre d'un colloque sur l'avenir du renommé "0ryctolagus cuniculus". Décimé par les maladies comme la myxomatose apparue dans les années 50, malmené par les remembrements qui ont détruit son habitat naturel, ou l'emploi des pesticides, le lapin boude les gibecières des 1,3 millions de chasseurs. La dernière enquête de l'ONCFS estime les prélèvements à 3,2 millions de lapins "tirés" pour la saison 1998-1999, contre 6,4 millions en 1983-1984, et 13,2 millions en 1974-1975. Toutefois, si 35% des chasseurs français avaient "prélevé" au moins un lapin en 1999, ils étaient près de 60% en Bretagne à ne pas être rentrés bredouilles. La fédération de chasse du Finistère consacre ainsi 100.000 euros par an à la réhabilitation du lapin. Une cinquantaine de "garennes" artificielles ont été aménagées pour permettre le repeuplement du gibier. Ces réseaux de terriers creusés dans les talus accueillent parfois des lapins prélevés aux abords des villes, là ou la chasse est interdite. "Avant, il y avait trop de lapins. Il ne faut pas reconstituer les populations à l'ancienne", reconnaît toutefois Yves Léon, président de la Société intercommunale de chasse de Saint-Renan (nord de Brest), une des plus importantes de Bretagne, qui regroupe 400 porteurs de fusils. Présente sur 12 communes, la société gère une dizaine de parcs, véritables foyers de reproduction du gibier et consacre 20.000 euros par an au repeuplement. Aménagé avec des ronciers et des talus, le principal parc s'étend sur 5 hectares cloturés et héberge 400 lapins qui attendent d'être lâchés sur les territoires de chasse. Certains se souviennent des années 70 marquées par des expéditions à Ouessant, île "sanctuaire" pour le petit gibier en l'absence de prédateurs. "On ramenait 150 lapins, et on les relâchait la nuit près des terriers", raconte l'un d'eux. Cette époque a fait place au repeuplement raisonné et à la prévention. "Avant de lâcher des lapins, on évalue les risques de dégâts à l'agriculture", explique M. Léon. Et en cas de surpopulation néfaste aux cultures, une partie du gibier est transplanté sur d'autres parcelles. Pour les paysans le lapin reste souvent l'ennemi du maïs et du chou. Alors 25O kms de clôtures ont été installées dans le Finistère pour protéger les cultures. Et à Saint-Renan les agriculteurs sont associés à la gestion du lapin. "L'objectif, c'est de satisfaire les chasseurs sans indisposer les agriculteurs", résume le directeur de l'ONCFS, qui souhaite que la réhabilitation du lapin rende la chasse "plus attractive, plus ludique" pour les jeunes, alors que le nombre de pratiquants chute de 2% tous les ans. |